J’ai avalé mon histoire comme j’ai mangé la tienne, Poète, Sculpteur ou Peintre d’éternité au présent… Quel repas, dis-tu, avons-nous partagé ? À quand, et avec qui , le prochain ? On verra... On lira ... | Marie-Thérèse PEYRIN - Janvier 2015

Charles JULIET

Lettre à Charles JULIET | 30 SEPTEMBRE 2022

  LE SIGNE INFINI C.J.

© collection particulière

 

 

 

 

Vendredi  30 Septembre 2022

 

Cher Grand Ami,

                                Comme tu le sais, il y a les « vraies » lettres, celles qu’on reçoit dans sa boîte aux lettres, d’ailleurs tu en as reçu une nouvelle, hier, parmi toutes celles qui vont certainement déferler aujourd’hui, différentes des lettres publiques, celles qui témoignent temporairement d’une relation privilégiée à une œuvre, et à la personne qui l’a conçue. C’est celle que je suis en train d’écrire. Pourquoi essayer de marquer le coup ainsi, seulement à ton 88 ème anniversaire plutôt qu’à un autre depuis les  presque 25 ans que je te connais ? Je vais le savoir en l’écrivant. Je pratique ainsi  le fameux « inattendu » que tu as souvent évoqué, voire convoqué, afin de faire surgir quelque chose du passé, sans en avoir eu l’intention consciente. Ta vie est jalonnée de rencontres, et tu l’as souhaité ainsi pour répondre à ton immense soif de présence et de pensée vivante. J’ai eu le goût de répondre à ta demande de rencontre après une lettre maladroite que je t’avais adressée à propos de Lambeaux, mais j’ai croisé ta route  en tant que lectrice dès 1992 , avec ton récit « L’année de l’éveil » dans un congrès de psychanalystes sur les secrets de famille dont tu ne te souviens pas. A partir de là j’ai lu tous tes livres, et grâce à toi, jusqu’au  X ème tome de ton Journal que tu m’as fait envoyer dédicacé  par ton éditeur. Je me suis émerveillée de la pérennité de nos échanges d’automne et je suis encore étonnée par la quantité d’enveloppes libellées de ta belle encre bleue que je conserve dans mes tiroirs. Je ne dois pas être la seule.

« J’ai toujours négligé mes correspondances » as-tu révélé récemment, avant de commencer à avoir ces problèmes de santé qui gâchent tes journées, et pourtant, cette vie épistolière existe et témoigne de liens humains vivants.  

Il ne m’a pas échappé que les conditions ont bien changé depuis la disparition de ta chère M.L et les effets de cette absence fusionnelle entraînent aujourd’hui des répercussions sur ta façon d’envisager la vie et les relations autour. Nous avions commencé à parler de tout cela et aussi de ton œuvre, mais ton état de santé s’est brusquement dégradé. Toi, l’éternel adolescent amoureux de l’amour  et fidèle ami a vu venir des heures moins clémentes et plus inquiétantes.  Te voici de retour dans tes recès  des années  les plus sombres de ton parcours, pour des raisons différentes, avec ce recours impérieux au silence auquel tu n’as jamais vraiment renoncé.  La lumière baisse, nous-as-tu dit, c’est pourquoi ton besoin de tranquillité et de sécurité au quotidien s’est affirmé.  Il est donc de notre devoir de prendre en compte ton besoin d’éloignement et de discrétion. Ton œuvre est là, accessible, nourricière et celles et ceux qui la découvriront sauront te dispenser de la commenter et de la lire en public. Ton besoin de spiritualité sans religion t’a mené jusqu’où tu voulais aller : cette assise en toi de sérénité longuement modelée et confortée, ce socle solide existe, et tu en revendiques le travail intérieur accompli.  Si le corps a du mal à suivre, personne ne te le reprochera. Tu as dit l’essentiel et  le juste qui donnent le signal utile à celles et ceux qui cherchent dans l’écriture ou dans l’art de quoi avancer. L’aventure est toujours la même disais-tu autrefois, elle passe par le dépouillement et s’accomplit dans la confusion primitive, la lumière s’apprivoise peu à peu jusqu’à devenir une compagne fiable, sincère, économe et bienveillante. Te lire et te relire est pour moi une Joie, tu le sais. Je la partage volontiers. Tu le sais aussi.

Mais ce soir je viens te souhaiter un doux anniversaire,

Je t’imagine entouré de personnes qui veillent à tes côtés et qui respectent ton indépendance.

 Le chiffre 88  m’a tout d’abord impressionnée. Je n’ai pas vu le temps passer. Mais soudain, je me suis rendu compte qu’il s’agissait d’un double signe infini redressé  recèlant une valeur symbolique inestimable. J’y ai vu un signe enthousiasmant puisque dans mes recherches j’ai lu la définition qui suit :

Devenu beaucoup plus qu'un signe mathématique, le symbole infini représente aujourd'hui l'éternité et l'amour pour toujours. Il est également symbole de sagesse, de réflexion, d'harmonie et d'amitié.

On n’est donc pas totalement hors-sujet.

Je t’embrasse tendrement pour moi et un peu pour les autres.

Je t’attends.

 

Mth

De La Cause des Causeuses

 


Un 22 Mai à Vénissieux , en compagnie de Charles Juliet et de quelques autres...

Pour Charles JULIET

A ses lectrices et ses lecteurs

  Ouvrage_412

 

Là où le cœur attend, un très beau titre de livre paru en Novembre 2017, celui de Frédéric Boyer le nouveau directeur des éditions P.O.L qui a succédé à Paul Otchakovsky-Laurens, ton éditeur principal, tragiquement disparu dans un accident d’automobile le 9 Janvier 2018 en terre Guadeloupéenne. J’emprunte ce titre  aujourd’hui pour qualifier le livre collectif FRATERNELLEMENT , Charles Juliet, qui nous réunit aujourd’hui autour de toi, avec nos partenaires de lecture : l’Espace Pandora Thierry Renard et son équipe, Jérôme Triaud  de  la Médiathèque Lucie Aubrac et ses collègues , Vincent Gimeno représentant le Marché de la Poésie, et toutes les  belles personnes qui ont contribué à ce défi à peu près fou… comme vouloir labourer un champ immense avec la pointe d’un stylo, ou à distance avec un clavier d’ordinateur. Mais la démarche reste paysanne, elle s’accorde aux caprices du ciel et à ses mannes aléatoires. Faire lever la semence de la compréhension profonde et de la gratitude ne demande rien d’autre qu’une certaine obstination et une joyeuse patience.

 

Ce livre est bien celui où le cœur attend et espère quelque chose d’inédit et d’inattendu dans la rencontre entre ton œuvre et ceux ou celles qui te lisent par coeur ou qui te liront mieux encore, je n’en doute pas une seconde…

Toi, qui écrivais pour nous, pour des inconnu.es aussi :

 

Les mots que je forge

à l’intérieur de la grotte

je les propose à ceux

qui cheminent doutent

n’ont plus la force d’avancer

 

eux seuls peuvent

les recevoir

se les incorporer

 

Des frères et des sœurs en lecture, tu en as beaucoup, et cette grande famille adoptive très inclusive ouvre ses bras pour toi et tes mots encore une fois…

 

Comme m’a dit notre amie Geneviève Metge l’autre jour, ce recueil de témoignages est un livre affectif, il est effectif aussi, puisqu’il a réussi à exister, j’ajoute volontiers qu’il est affectueux.   Qui s’en plaindrait ne serait pas parvenu.e là où le cœur attend … et espère…

 

 

Marie-Thérèse PEYRIN   le 22/05/2019


LES MAINS DE CHARLES JULIET, une belle histoire de publication avec Jackie PLAETEVOET aux Editions Sang d'Encre ( Automne 2006)

Note de présentation (Extrait)

"Chez Charles Juliet, de prime abord, les mains semblent les auxiliaires  discrètes de pensées enfouies. Cependant, leur volubilité en contraste avec le hiératisme corporel coutumier de l'écrivain dans les moments publics, a souvent attiré mon attention. L'idée de ce recueil est née de là, elle a rencontré l'enthousiasme d'Armand Dupuy, l'accord non moins spontané de l'éditrice et poète Jackie Plaetevoet, ainsi que l'adhésion immédiate de trois peintres Fanny Batt, Fred Bonna et Tanguy Dohollau. En toute connivence encore, j'ai demandé une préface poétique à Marie-Ange Sebasti, par qui le souffle chaleureux des mots s'est souvent amplifié. Mohammed El Amraoui nous a offert la touche finale dans une postface tout à fait délicieuse autant que bienvenue."

 

Les mains décuplées copie

Le Recueil  LES MAINS DE CHARLES JULIET  tiré en 100 exemplaires numérotés est aujourd'hui épuisé.  C'est en retrouvant des photos relatant un après-midi heureux passé à le fabriquer chez Jackie, que j'ai eu l'idée de ce diaporama. Il est le premier que je réalise sur une plateforme  kizoa .  Le perfectionnement sera pour les prochains. Merci pour l'accueil que vous voudrez bien lui accorder, il s'adresse en priorité à celles et ceux qui ont participé à ce pur moment, leur nom est rappelé dans le diaporama.  

                                                                                    Marie-Thérèse Peyrin